Mort de Léo Ferré
Le 14 juillet 1993 disparaissait Léo Ferré. Quinze ans de mort, cela se fête ! Je m'attendais à cette occasion que la télévision diffuse un reportage sur l'immense artiste qu'il fût, sans espérer une heure de grande écoute, n'exagérons rien tout de même. L'espace télévisuel est suffisamment grand aujourd'hui pour qu'une petite place lui fût réservée. Il n'en est rien. Pas une heure, ni même une minute ne lui est consacrée. Il est vrai que c'est plutôt incongru, voire indécent, que de mourir un 14 juillet lorsque toute sa vie l'on s'est proclamé anarchiste. Et puis, on risque surtout de voir son hommage concurrencé par le défilé militaire. En plus, cette année est un peu particulière. Notre Président y a invité de nouveaux amis, dont un venu de Syrie. Celui-ci est certes un peu dictateur sur les bords, pratique parfois l'assassinat politique, mais cela ne dérange pas Nicolas Sarkozy. Le président a d'ailleurs rangé depuis peu son marketing humaniste dans sa boîte à chaussures.Non Léo, il n'y pas plus de place pour toi, mais n'en sois pas désolé. Si tu voyais ce qui passe à la télé, tu te sentirais honteux d'y être montré. Depuis que les téléviseurs se sont agrandis, jamais la télévision n'a autant mérité le qualificatif de petit écran. Les temps ne sont plus au verbe haut, ni à la Musique. Tu chantais la poésie, en affirmant même qu'elle est dans la rue. Avant de partir, il eût été préférable que tu nous donnes son adresse. Car on ne la trouve plus. A moins qu'elle ne se soit égarée. Ou bien c'était il y a longtemps, très longtemps.